Météo : on laisse tomber. Vous savez qu’on est chez nous à passer la nuit à jongler entre les sessions parallèles, les replays, le livre des résumés…
C’est plus fun sur place, on profite des questions de la salle, mais en fin de compte en virtuel on suit plus de sessions, pour votre plus grand bonheur. Et puis il fait encore 13°C à San Diego, et c’est nuageux…
Les reporters de La Revue : Diane Mège, Mathilde Aubert, Guillaume Meurette, Amine Alam, Laurent Siproudhis, François Pigot.
Amine est encore, et avec une confortable avance, premier du concours interactif ASCRS 2021. Félicitations !
R J Straker Philadelphie QS 27 (oral) La neuromodulation n’est pas la panacée ….. L’incontinence fécale (IF) est un trouble fonctionnel fréquent et vraiment handicapant. La neuromodulation des racines sacrées est une alternative chirurgicale peu invasive en cas d’échec des méthodes conservatives classiques. Il reste cependant peu de données concernant les meilleures ou les mauvaises indications de la méthode ainsi que les éléments prédictifs d’une bonne réponse en dehors du test diagnostique avant implantation. Les auteurs ont essayé de préciser ces points après une analyse rétrospective des données d’une base institutionnelle de malades implantés (N = 130 patients entre janvier 2011 et juillet 2016) Cent vingt-deux patients ont été suivis à 3 mois et 103 à 3 ans. Les taux de réussite à 3 mois et 3 ans étaient de 80,0 % et 45,6 %, respectivement. En analyse univariée, un âge plus jeune (<60 ans), le sexe féminin et l’obésité (IMC ≥30,0) étaient significativement associés à la réussite du traitement (p=0,01, p=0,04, p=0,02, respectivement). Les patients avec une incontinence fécale idiopathique avaient un taux de réussite les plus élevé (73,7 %), que ceux ayant une incontinence consécutive à une irradiation (XRT) (14,3 %) ou à un prolapsus rectal (25 %) (p=0,03). Finalement, si on veut garder une vision simple de la communication thérapeutique, moins d’un malade sur deux garde un bénéfice thérapeutique suffisant trois ans après implantation. Les malades ayant une incontinence en rapport avec une irradiation pelvienne ou un prolapsus sont vraisemblablement de moins bons candidats.
Et elle se complique …. Les auteurs de la même équipe (QS29 communication orale) ont réalisé une étude rétrospective monocentrique de 135 patients ayant une implantation de neuromodulateur pour le traitement d’une incontinence fécale entre janvier 2011 et décembre 2016. Les complications ont été rapportées chez 27 (20%) patients et se décomposent comme suit : radiculopathie (8/27, 29,6 %), érosion/infection du dispositif (8/27, 29,6 %) et douleur du site (7/27, 25,9 %) étaient les plus fréquentes. Trente-cinq patients ont vu leur neuromodulateur explanté (25,9 %) dont 14 pour complications (14/35, 40 %), 7 (20 %) pour une rupture de l’électrode, 10 (28,6 %) pour une perte d’effet. 17 patients ont subi une réimplantation du SNS, dont les 7 patients avec fracture de sonde. Les résultats n’étaient pas moins bons après ré-implantation que lors de la première implantation .Ce travail interpelle par la prévalence élevée des évènements dans le sillage d’une implantation de neuromodulation. Il est cependant peut être plus proche des données de terrain que ceux des centres experts et révèle ainsi la vraie vie d’un chemin clinique finalement pas si simple.
L Roth, Providence OD 219 (poster digital). Cellules souches et incontinence: peuvent mieux faire ! Voici une approche expérimentale très originale du traitement de l’incontinence fécale qu’est l’injection de cellules souches autologues d’origine adipocytaire pour compenser un défect sphinctérien. Plus d’auteurs que de malades (N = 3) et plutôt une injection de graisse autologue (90 ml) et de fractions vasculaires stromales que d’une culture de cellules souches. Les auteurs décrivent leur méthode de lipoaspiration et leur site d’injection dans l’espace intersphinctérien mais ils semblent ajouter aussi des agents de comblement (nature non précisée). Le score d’incontinence fécale s’améliore sensiblement à 6 mois de 14 à 10 chez le patient n°1, de 14 à 11 chez le patient n°2 et de 13 à 6 chez le patient n°3. Cette amélioration s’accentue chez les deux patients évalués à un an (de 14 à 9 et de 14 à 3 respectivement). Ces travaux franchement préliminaires représentent un espoir thérapeutique chez certains malades incontinents.
SM Murad-Regadas, Fortaleza Brésil QS32 (oral). Et si les proctologues prenaient en considération la sangle des muscles élévateurs ? … dans l’incontinence…. Les lésions de la sangle des muscles élévateurs est une situation observée sur les données de l’imagerie pelvienne après un accouchement (IRM, échographie). Les conséquences de ce type de lésions sont actuellement peu prises en considération (responsabilité pathogénique, chirurgie de réparation). L’objectif de cette étude brésilienne était d’identifier les anomalies anatomiques et fonctionnelles des muscles du plancher pelvien et du canal anal chez les femmes ayant déjà accouché par voie vaginale et de décrire les anomalies fonctionnelles et anatomiques observées par méthode échographique. L’analyse a porté sur les données de 92 femmes : 31(34%) avaient une lésion des muscles élévateurs (G1) dont 08 (26%) une anomalie bilatérale et 61(66%) avaient un sangle apparemment intacte (G2). L’âge moyen et la parité étaient similaires dans les deux groupes. Les symptômes d’incontinence et le score FI médian étaient plus élevés dans le groupe GI alors que la prévalence des lésions sphinctériennes internes et externes n’étaient pas significativement différentes entre les deux groupes. De façon particulièrement originale, les auteurs ont mesuré échographiquement ce qu’ils appellent le hiatus pelvien des releveurs (surface centrale limitée par les muscles élévateurs). Ils montrent que cette surface était significativement plus grande à la fois au repos et lors de manœuvre de Valsalva chez les malades ayant une lésion de la sangle des muscles élévateurs. Il n’existait, en revanche, pas plus de trouble de la statique pelvienne dans ce groupe. Cette étude ouvre la porte d’une approche pathogénique et thérapeutique plus riche des troubles de la continence ; ces stratégies d’exploration morphologique restent à valider (reproductibilité, impact fonctionnel et cibles thérapeutiques).
A Ganko, Brisbane Australie POD222 (poster). Et si les proctologues prenaient en considération la sangle des muscles élévateurs ? … aussi dans la constipation d’évacuation …. La contraction inappropriée du sphincter anal externe (anisme) et/ou des muscles élévateurs (dyssynergie) est une étiologie classique de la constipation d’évacuation. Lorsque les topiques locaux, les modifications de la consistance des selles et la rééducation échouent, on est tenté de se tourner vers la toxine botulique afin de diminuer ce facteur de résistance musculaire. Cependant, on dispose d’assez peu de données dans la littérature tant dans le déploiement de la technique (où injecter ?) que les bénéfices thérapeutiques qu’on est en droit d’en attendre. Cette équipe australienne a analysé rétrospectivement les résultats d’injections réalisées dans cette indication entre février 2014 et décembre 2019 chez 21 patients (3 ont reçu deux injections). Tous les patients ont bénéficié d’une modification des selles, de conseils diététiques et 20 patients ont également également eu une rééducation périnéale préalable, avec une moyenne de 8 séances. La toxine botulique a été administrée sous anesthésie générale avec 9 injections dans l’espace intersphinctérien, 9 dans le puborectal, 2 dans le releveur de l’anus, 2 dans le sphincter anal interne et 2 dans le puborectal et le sphincter anal interne. Les patients ont été suivis pendant une période moyenne de 18 mois. Des effets secondaires d’incontinence fécale ou d’impériosités urinaires ont été rapportés transitoirement chez 6 malades mais l’un présentait encore des fuites à 8 mois. Une amélioration symptomatique a été rapportée dans 19 cas : cette amélioration persistait en moyenne 4,7 mois (fourchette 1-32). L’amélioration subjective a duré moins de 12 mois chez 19 des 21 patients. Voici une méthode vraiment séduisante dans une situation habituellement d’impasse thérapeutique. Il reste des interrogations concernant à la fois cette étude rétrospective (doses de toxine A utilisées, rééducation et traitement médical concomitant) et les modalités de (re) traitement en pratique courante. Une histoire à suivre de près.
Aujourd’hui à l’ASCRS, le congrès a été riche d’échanges et de débats. Concernant le cancer colorectal, une session dédiée au cancer du rectum a été bien instructive, mais plus sur le plan sociologique que scientifique.
Il ressort des échanges le sentiment que les américains sont curieux des avancées récentes et en particulier le traitement néoadjuvant qu’ils appellent « total Neoadjuvant Therapy» TNT… Associant radiochimiothérapie et chimiothérapie avant la chirurgie. La perspective de voir se développer la réponse complète suscite de nombreux débats. Un symposium entièrement dédié à la réponse complète a été ainsi source de nombreuses discussions.
Xu, Cleveland QS38 (oral) ont évalué l’impact de la TNT sur les conditions opératoires et la morbidité péri-opératoire. Ce travail rétrospectif émanant de la Cleveland Clinic (OH) a démontré que l’optimisation du traitement néoadjuvant était responsable d’une augmentation de la durée opératoire ; mais aussi des pertes sanguines opératoires. Elle est aussi associée à une diminution des adénopathies. En revanche, dans l’expérience de cette institution, il n’y avait pas de différences significatives en termes de morbidité opératoire. Ce travail montre bien que les chirurgiens colorectaux sont attentifs à la qualité de leur geste, et à l’impact des stratégies récentes sur nos gestes opératoires !
D Tang, Ann Arbor, QS42 (oral) ont étudié les causes de l’absence de traitement néoadjuvant pour les patients qui devraient en bénéficier. Dans leur institution du Ann Arbor Hospital, et dans leur état du Michigan (31 hôpitaux), les auteurs ont étudié la proportion des patients qui n’avaient pas reçu (à tort) la radiochimiothérapie. Dans ce groupe de patients (25% quand même !), la principale cause était l’absence d’examens aboutissant à un staging sous-évalué. Dans cet exposé, les auteurs mettent en avant l’accès aux examens complémentaires…
Dans le même esprit, plusieurs études ont évalué le facteur « racial » dans l’accès aux soins et la qualité de prise en charge du cancer du reectum… Sujet pour le moins sensible compte tenu des débats actuels sur le traitement de la population afro-américaine.
Ainsi, B Aibuedele, Philadelphie QS43 (oral) ont comparé la survie et le traitement des cancers du rectum selon l’origine noire, blanche ou hispanique des patients ! Et bien cette étude met clairement en évidence des différences : la population noire a moins accès à la radiothérapie, la chimiothérapie par rapport à la population blanche. La population hispanique ne semble pas souffrir de ces différences. Par contre, en termes de survie, les constatations sont assez cinglantes : la population blanche a nettement un taux de survie supérieur.
Par ailleurs, V Nfonsam, Tucson QS46 (oral) se sont attachés à évaluer le facteur racial dans l’âge de diagnostic du cancer colorectal et le stade au diagnostic. Dans un contexte global de diminution de l’incidence du cancer colorectal aux Etats-Unis (-36% entre 1975 et 2015) ; cette diminution est bien moins marquée dans la population afro-américaine (-19%). De surcroît, le diagnostic dans la population 40-45 ans est en augmentation et particulièrement dans cette sous-population et de façon très significative. Voilà qui serait susceptible d’orienter une politique de dépistage adaptée selon un facteur racial.
C. González, Barcelone Espagne. QS47 (oral) Le vert d’indocyanine, aussi à la mode dans la carcinose péritonéale ? Une étude espagnole originale sur le vert d’indocyanine comme aide à la chirurgie de cytoréduction complète dans la carcinose péritonéale. Injection 12h avant la chirurgie chez 11 patients (principalement CP d’origine colorectale). Un total de 54 nodules retirés dont 37 malins, parmi lesquels 5 (13,5%) identifiés uniquement par la fluorescence. 15 nodules bénins, dont 9 (60%) n’étaient pas fluorescents.
S.B Jochum, Chicago, IL. QS52 (oral) La coelioscopie chez les patients à haut risque chirurgical doit être la règle même si c’est plus long ! Étude très intéressante, sur l’impact de la durée opératoire en coelio Vs chirurgie ouverte sur les patients à haut risque chirurgical. 4705 patients ASA 3 et 4 opérés, comparaison chirurgie ouverte courte (<120min) vs cœlioscopie longue (>251min). Chirurgie ouverte courte associée à plus de morbidité globale, 41 vs 24% p<0,001, à un risque majoré d’infection de site opératoire, de désunion cicatricielle, d’iléus, de pneumonie, de sepsis, de mortalité en comparaison à la cœlioscopie même longue. Analyse de sous-groupe ASA 4 résultats similaires ! Cœlioscopie fait mieux que laparotomie même en cas de durée opératoire prolongée chez les patients ASA3/4. Une aubaine pour les jeunes assistants.
F. Abdul Raheem, Montréal, Canada QS54 (oral) Sigmoïdectomie avec anastomose colorectale pour péritonite diverticulaire. Faut-il dériver ? Étude rétrospective sur 2312 résections-anastomoses dont 325 (14,1%) avec stomie de protection. Après appariement pas de différence en termes : d’infection de site opératoire, de réintervention, de mortalité et de durée de séjour. Changement de paradigme dans la prise en charge des péritonites diverticulaires, vers des résections-anastomoses non protégées ?
I. Setton, Weston, FL. QS57 (oral) La chirurgie de l’obésité, facteur protecteur dans la maladie diverticulaire ? Encore une étude originale sur l’impact de la chirurgie bariatrique dans la maladie diverticulaire. Plus de 16 000 patients obèses inclus avec diverticulite dont 1292 avec antécédent de chirurgie bariatrique vs 15261 patients non opérés. Taux de sigmoïdectomie significativement moins élevé chez les patients ayant eu une chirurgie bariatrique (15,1 vs 22,7%, p<0,0001).
U. Phatak, Boston, MA. QS62 (oral) Les troubles psychiatriques, élément clé dans la morbidité postopératoire ? Étude originale, monocentrique, rétrospective ayant comparé l’impact des troubles psychiatriques sur la morbidité postopératoire des MICI. Un syndrome anxieux, un syndrome dépressif ou l’association des deux étaient associés à un risque majoré de complications postopératoires. Nécessité de prise en charge préopératoire psychiatrique ?
T. Wood, A. Truong TP2 (oral) LIFT dans la prise en charge des fistules anales complexes de Crohn. L’atteinte ano-périnéale est retrouvée chez 17-50% des patients ayant une maladie de Crohn avec un taux d’incidence de 21% à 10 ans et de 26% à 20 ans. Il existe plusieurs techniques d’épargne sphinctérienne dont la LIFT (Ligation of the intersphincteric fistula tract). Cette technique a été utilisée largement pour le traitement des fistules anales non-crohniennes avec des taux de guérison entre 57 et 94%. Les auteurs ont inclus dans leur étude 46 patients ayant une maladie de Crohn et opérés de LIFT avec un traitement médical optimisé. Les analyses uni et multivariées ont retrouvé que le tabac est un facteur de risque d’échec de la technique (HR de 3,18 avec p=0,02), et la biothérapie préopératoire n’est pas significative (post-op non mentionnée…). Par ailleurs, pas d’autres facteurs prédictifs de succès ou d’échec n’ont été retrouvés notamment les caractéristiques de la fistule anale. Le taux de guérison retrouvé était de 65%. Les échecs étaient détectés dans l’année suivant la chirurgie. Le LIFT est une technique d’épargne sphinctérienne qui a de bons résultats pour le traitement des fistules anales de Crohn avec des taux de succès qui dépassent les 60% dans plusieurs études, dont celle-ci qui a un suivi très prolongé. On regrette que la description et l’analyse du traitement associé soit si faible.
S.E. Goldstone, J. Terlizzi SP42 (oral) La place de la radiofréquence dans le traitement des lésions HSIL. La récidive des lésions HSIL est un vrai « challenge » thérapeutique surtout avec le traitement ciblé de ces lésions. L’équipe de Goldstone a inclus 58 patients ayant des HSIL (lésions situées entre la jonction ano-cutanée et allant jusqu’à 3 cm en amont de la jonction ano-rectale). Ils ont traité ces lésions par radiofréquence d’une façon circonférentielle (BarrxTM de Medtronic). Les patients étaient suivis par une AHR à 3 mois et 1 an avec des biopsies de tous les quadrants à 1 an. 42 patients parmi les 58 ont pu être suivis pour une durée totale de 1 an. La récidive des lésions a été retrouvée essentiellement entre le 3ème et le 6ème mois après le traitement et pas de récidive retrouvée à partir du 24ème mois à part chez un seul patient. Le seul facteur prédictif de récidive était l’antécédent de récidive chez ces patients. Cette étude souligne l’importance du traitement par radiofréquence circonférentiel et non pas uniquement des lésions HSIL. La RFA pourra jouer un rôle clé dans le paradigme de la prise en charge des HSIL dans le futur proche !
PM Cavallaro, Boston, TP1 (oral): Résultats fonctionnels après AIA: IPS
Dans le cadre du projet PROPS (Patient Reported Outcomes after Pouch Surgery),
Le IPAA syndrome (IPS) est défini grâce à la méthodologie Delphi, à l’origine de 7 symptômes (incontinence anale, soiling, impériosités, augmentation de la fréquence, fragmentation des selles, symptômes périanaux et symptômes nocturnes) & 7 conséquences (usage de garniture, « repérage » de WC à proximité, adaptations alimentaires et médicales, altération du sommeil, impact négatif sur l’intimité, les relations sociales, et l’état psychologique). Un langage commun pour diagnostiquer et améliorer ces patients!
E Olecki, Hershey, TP4 (oral): Intérêt de la stomie de protection dans l’AIA
Les étapes chirurgicales évoluent dans la coloproctectomie totale avec iléo-anale, avec notamment l’essor du 2 temps modifié….
Une étude comparative rétrospective (1990-2018) entre groupe stomie (AIA en 2 ou 3 temps, n=323) et groupe sans stomie (AIA en 1 ou 2 temps modifié, n=91).
Pas de difference dans les suites postopératoires ni l’échec du réservoir entre les deux groupes
Mais bien sûr, des complications spécifiques liées à la fermeture de stomie de 16.5%.
Un argument (non révolutionnaire) de plus pour le 2 temps modifié…
I Leeds, Cleveland TP6 (oral): impact de l’obésité sur les résultats de l’AIA
Comparaison de patients obèses avec AIA (n=632) vs patients non obèses (tout IMC<30) avec AIA (n=2670).
Un score de propension est réalisé pour lisser les différences significatives retrouvées en analyse univariée et il ressort en analyse multivariée que l’obésité est uniquement associée à une durée opératoire prolongée de 36 min (p<0.05) !
L. Park, West Hollywood, TP 10 (oral): Réalisation d’une AIA par voie abdominale ou trans-anale ? Sur le modèle de l’exerese totale du mésorectum par voie trans-anale (TaTME), des équipes proposent un abord trans-anal pour réaliser une AIA.
Une étude comparative est présentée ici (37 patients par voie abdominale vs 76 par voie trans-anale). Il existe plus de femmes, d’anastomoses manuelles et d’abords laparoscopiques dans le groupe trans-anal. La durée d’hospitalisation est également prolongée sans différence significative en termes de complications postopératoires. Mais le choix du groupe contrôle abdominal est problématique (taille de l’échantillon, possible sélection des patients, absence de cohorte historique)…. L’abord trans-anal n’a pas encore gagné sa place….
En bonus, un peu de pédagogie chirurgicale et d’accompagnement psychologique….
SJ Rivard, Ann Arbor, RF4 et RF6 (oral): L’équipe de Ann Arbor propose un programme de formation chirurgicale à l’aide de vidéos avec un débriefing des différentes étapes chirurgicales, pour 15 participants.
En parallèle, cette équipe s’intéresse à l’acceptation des symptômes et changements dans le mode de vie après la prise en charge d’un cancer du rectum grâce à la photographie. Les patients sélectionnés ont ainsi pu commenter à partir d’une photographie leur ressenti en termes de mauvais résultats fonctionnels digestif et génito-urinaire, de difficultés d’appareillage, de modification alimentaire ou d’adaptation de la vie sociale et des activités.
L’accompagnement global du malade avant, pendant et après la prise en charge est absolument indispensable.
P. M. Cavallaro, Boston TP1 (oral). Quels sont, pour les patients, les symptômes quotidiens ayant le plus de retentissement après AIA avec réservoir ? Ont participé à la sélection, puis la quantification de ces symptômes 217 patients recrutés par petites annonces, réseaux sociaux… dans tous les pays du monde de langue anglaise ; 67 chirurgiens : 50 gastroentérologues. Ont été ainsi définis les 7 symptômes et leurs 7 conséquences qui ont le retentissement quotidien le plus important (cf tableau). Un très joli travail sur l’IPS (Iléo-anal Pouch Syndrome), une liste de symptômes à inclure dans l’évaluation de la qualité de vie de ces malades qui se sentent oubliés une fois « guéris ». Un angle de vision intéressant, par exemple, les conséquences cutanées périnéales étaient sous évaluées par les médecins alors qu’elles sont dans le top 7 pour les malades.
R. Rajamanickam, Cleveland TP3 (oral). Fistule du cul de sac (sommet) des réservoirs en J sur AIA. Peu de données dans la littérature, et voici une très grosse série monocentrique. Première originalité : interrogation du dossier médical en langage courant : fistule du sommet d’un réservoir en J. malheureusement l’orateur n’a pas participé à ce travail et ne peut le détailler. 74 patients inclus (1995-2019), le délai moyen entre la chirurgie et le diagnostic était de 11 mois, le symptôme le plus fréquent était la douleur 69%), le tableau clinique le plus fréquent un abcès pelvien (40%). Le diagnostic était posé ¾ avant chirurgie, le plus souvent par endoscopie (32%), opacification à la graffine (28%). Le traitement médical tenté chez 49% n’était efficace qu’1 fois/5 (10% de la cohorte). Le plus souvent une stomie et une suture de la fistule ont été pratiquées (65%), seulement 13% ont dû avoir une excision sans reconstruction du réservoir.
J. Stem, Madison TP5 (oral). Les ondes de pression de grande amplitude : un facteur supplémentaire dégradant la fonction des réservoirs après AIA ? Un travail monocentrique qui, bien que rétrospectif, s’appuie sur des données très riches, notamment des manométries du réservoir répétées (à 6-8 mois, puis 12 mois plus tard). 33 patients opérés pour RCH. Des ondes de pression de grande amplitude sont décrites sur le premier enregistrement chez 16/33, associées notamment aux fuites diurnes, mais elles diminuent au cours du temps et ne sont pas corrélées à la qualité de vie. Une hypothèse réfutée ?
I. Leeds (équipe de J Church), Cleveland TP6 (oral). Etude monocentrique rétrospective (1990-2014), 632 patients opérés avec un BMI > 30. En comparaison à un groupe contrôle, pas plus de complication dans le premier mois, pas plus de réservoir enlevé avec un suivi médian de 12 ans. Par contre une chirurgie de durée plus importante. Même résultats pour le sous-groupe avec un BMI > 40. Un message encourageant pour la prise en charge de cette population.
L. Park, West Hollywood TP10 (oral). Lors de la confection du réservoir d’AIA, la voie transanale d’apparition récente permet un meilleur abord de la partie basse, notamment au moment de la confection de l’anastomose distale. Une cohorte multicentrique comparant les deux techniques n’avait pas montré de différence significative en termes de complications, fonction et qualité de vie (doi: 10.1093/ecco-jcc/jjz174). Cette équipe n’a pas le même sentiment et le fait partager, forte de son volume élevé d’activité. Deux cohortes contemporaines de 36 voies transabdominales et 77 voies transanales. Dans ce dernier groupe, presque deux fois plus de complications avant fermeture de la stomie (toujours effectuée), notamment plus de complications liées au réservoir (14% de fistules ou sténose vs 3%). Pas de différence démographique, ni d’indication de la chirurgie, entre les deux groupes. L’avantage théorique de la voie transanale n’est pas retrouvé dans ce centre. Des études randomisées ?
Mujukian, Los Angeles TP11 (oral). Si l’on veut pouvoir les exploiter de façon rétrospective, les données médicales doivent être recueillies de façon standardisée. Les données spontanément mentionnées dans les comptes rendus opératoires de résection iléo-colique au cours de la maladie de Crohn sont-elles pertinentes ? 400 comptes rendus issus de 4 centres de référence américains et canadiens. La voie d’abord était toujours mentionnée. Le type d’anastomose, presque toujours. Par contre il existait une grande variabilité concernant la description des adhérences, de la longueur du grêle résiduel, du grêle réséqué, de l’épaisseur du mésentère, de l’extension de la graisse en surface, la vascularisation de l’anastomose, la présence d’une dilatation d’amont. Les auteurs proposent une liste de 24 critères à mentionner sur le compte rendu opératoire d’une résection iléo-colique au cours de la maladie de Crohn. L’exploitation rétrospective de données médicales est un casse-tête, voir un pari impossible, et c’est dommage. Voici une bonne initiative dont nous pourrions nous inspirer. Toutefois, les critères proposés ici sont issus d’un avis d’experts (des grands noms, il est vrai) et mériteraient validation (par méthode Delphi par exemple) afin de leur donner un poids suffisant et les faire adopter.
M. Parikh, Orlando QS60 (oral). Baisse de l’incidence des AIA avec réservoir ? Attention le titre se lit entre les lignes. J’ai visionné 3 fois ce topo qui paraissait important, pour comprendre : c’est l’incidence par hôpital qui baisse, alors que le nombre total de gestes réalisés augmente. La base de données nationale a été interrogée (ACS-NSQIP, 2009-2017). Sur les 8 ans, au total 4 570 AIA avec réservoirs ; indiquées dans 52% pour RCH, puis pour néoplasie dans 20%. Chaque année le nombre de gestes pratiqués a augmenté (passant de 436 à 564), mais en parallèle le nombre de centres impliqués a presque triplé. Ainsi le nombre de gestes annuels rapporté aux nombres de centres a fortement diminué, passant de 1,84 à 0,80. L’oratrice plaide pour un regroupement de ces gestes dans des centres experts afin d’en garantir la qualité et de permettre la formation des intervenants.
U. R. Phatak, Boston QS62 (oral). Troubles mentaux au cours des MICI et suites opératoires.
Il paraît que les patients atteints de MICI souffrent plus que la population générale de troubles psychologiques. Là n’est pas la question, mais la suivante : ces perturbations déteignent-elles sur les suites de la chirurgie digestive ? Étude monocentrique rétrospective (2015-19), 153 interventions, chez 151 patients. Plus de la moitié (52%) avaient des symptômes d’anxiété et/ou de dépression (critères ? a été défini systématiquement pour tous les malades ? quand on parle de données à recueillir dans les dossiers pour des travaux rétrospectifs, voici un bel exemple), et après analyse multivariée ce critère était associé à plus de complications. Un message : dépister et traiter les troubles psychologiques chez les patients à risque de chirurgie ? Attention, l’oratrice suggère un effet confondant de la gravité de la maladie inflammatoire avec les troubles de l’humeur.
B. E. Haac, Baltimore QS64 (oral). Au cours des MICI, les patients optent pour la chirurgie ou un traitement médical selon une procédure de choix discret. Mais quels sont les critères discrets, qui le sont moins dans la prise de décision d’un malade ? C’est un travail prospectif mené chez 78 malades, résultats interprétables chez 72. En bref, la technique de choix discret consiste à introduire dans chacune des deux propositions thérapeutiques une liste de données sans rapport les unes avec les autres. Les caractéristiques liées aux traitements qui importaient le plus aux malades pour faire un choix étaient : le risque de cancer à long terme, risque de chirurgie urgente, risque de stomie. A l’heure où les options médicales et chirurgicales viennent à se concurrencer dans de plus en plus nombreuses situations au cours des MICI, ces données sont très importantes.