Météo : 56 °F (13°c), sale temps pour se promener, nous avons donc assisté à toutes les présentations.
Trois salles en parallèle en début de journée, nous avons couru d’un écran à l’autre pour arriver à capter les communications intéressantes.
Les reporters de La Revue : Diane Mège, Mathilde Aubert, Guillaume Meurette, Amine Alam, Laurent Siproudhis, François Pigot.
Aujourd’hui un programme bien fourni encore, avec des séances plénières de travaux originaux notamment dans le domaine des affections colorectales bénignes dont voici quelques morceaux choisis.
Cohan et coll. MP23 (oral) ont étudié l’histoire familiale comme facteur de risque de récidive ou de recours à une intervention chirurgicale après diverticulite. Cette étude originale est basée sur les données d’un registre des hôpitaux de l’Utah et a inclus des patients hospitalisés pour diverticulite entre 1998 et 2018 pour un effectif de 4426 patients. Au cours de cette période, 10% des patients ont présenté une récidive au moins, et 15% ont été opéré d’une colectomie prophylactique. En recoupant les données avec la population générale de l’État, les auteurs ont pu montrer que les antécédents familiaux de diverticulite étaient corrélés à un risque accru de chirurgie pour diverticulite, mais pas de récidive. Le sur-risque était d’autant plus important que l’antécédent est au premier degré. Les auteurs concluent que le fait d’avoir des antécédents familiaux de diverticulite devait influencer le choix de recourir à une chirurgie de colectomie programmée. Il se cache derrière cette constatation des considérations psycho-sociales qui dépassent le rationnel scientifique !
RN Goldstone MP30 (oral). Covid oblige, une étude a évalué l’impact de la pandémie sur les hospitalisations et la morbidité opératoire des patients pris en charge pour diverticulite. En comparant les données issues de registres assurantiels nationaux des années 2019 et 2020 ; et en saisissant les codes diagnostiques CIM 10 correspondant à la diverticulite, les auteurs ont montré qu’il y avait eu une diminution de quasiment 25% des hospitalisations pour diverticulite. Parallèlement, le nombre de formes compliquées et d’interventions non programmées était augmenté parallèlement avec un maximum pour les mois d’avril à juin 2020. Malgré ces constatations, il n’y a pas eu d’augmentation de complications pulmonaires parmi les patients ni de surmortalité. Finalement, les auteurs concluent à la capacité d’adaptation du système et de l’accès aux soins… Affaire à suivre et à croiser avec d’autres registres pour être exhaustifs !
Parmi les communications internationales, nous avons pu assister à l’expérience d’une équipe Philippine de Manille, concernant la chirurgie pour tuberculose digestive. Cette affection grave connaît encore un pronostic sombre, traduisant le manque d’accès à la prévention et au traitement curatif pour tout le monde. 241 patients dont 208 opérés en 11 ans… La mortalité était de 3% (seulement) essentiellement en lien avec un choc septique par perforation d’organe creux vue tardivement (ET Limpin, Manila MP28 (oral)).
MC Ginesi, Cleveland QSD3 oral Enfin, concernant la formation, une communication originale de la Cleveland clinic a évalué avec une méthodologie rigoureuse les effets d’une journée de formation spécifique à la proctologie chez les résidents en chirurgie générale. Les étudiants se voyaient proposer une demi-journée de formation théorique avec images et exercice en dry lab ; et une demi-journée au bloc opératoire pour des actes basiques de proctologie chirurgicale. Ils étaient évalués avant et après la journée de formation. Après 6 mois, l’évaluation était renouvelée. Le bilan est positif ! Avec des acquis et des réflexes adaptés et qui persistent dans le temps. Cette étude nous incite à poursuivre les ateliers que met en place la SNFCP ; et les stages tels qu’ils sont proposés par le DIU !!!
J M Underhill POD192 (poster) questionne le risque de cancer anal propre à la sexualité anale. Les hommes ayant des relations avec des hommes (HSH) sont souvent soumis au dépistage parce qu’ils peuvent cumuler d’autres facteurs de risque identifiés (VIH, partenaires multiples, infections sexuellement transmises passées, tabagisme) sans qu’on quantifie vraiment ce que représente le statut HSH isolé. Dans les études où ces facteurs de risque sont pris en compte, les HSH n’apparaissent pas comme un facteur de risque indépendant dans cette analyse systématique de la littérature. Il est nécessaire d’envisager aujourd’hui des algorithmes de stratification du risque en fonction des cofacteurs. Cela peut conduire à ce que des hommes ayant des relations monogames avec des hommes soient soumis à des procédures de dépistage moins importantes que celles des patients hétérosexuels à haut risque.
A Hsu POD194 (poster) analyse les propriétés originales de la metformine vis à vis des lésions de dysplasie de l’anus. En effet, cet antidiabétique oral pourrait interférer avec le développement de cancer digestifs HPV induits par un mécanisme qui n’est pas encore parfaitement élucidé. Une étude cas témoin a été menée à partir de l’extraction de données d’une base (IBM MarketScan) de malades ayant un diabète sous metformine où les lésions de dysplasie anale HPV Induites ont été répertoriées. Les témoins ont été appariés dans un rapport de 1:4 en fonction de l’âge et du sexe. La quantification de l’exposition à la metformine reposait sur le volume de prescription pour un malade donné. 258 patients diabétiques de type 2 avec de la dysplasie anale ont été appariés à 1032 patients témoins sans diagnostic de dysplasie. Les patients qui ont développé des lésions dysplasiques du canal anal avaient 38% de chances en moins d’avoir déjà pris de la metformine par rapport à ceux qui n’avaient pas d’antécédents de dysplasie (OR=0,62 ; intervalle de confiance [IC] à 95%, 0,47 à 0,82 ; p<0,01). La metformine pourrait jouer un rôle préventif de la dysplasie anale (ou faciliter la clairance virale ?). Des études prospectives et interventionnelles chez des patients non diabétiques pourraient avoir du sens.
G Talwar POD190 (poster) interroge comme beaucoup d’entre nous le bien fondé d’une chimioradiothérapie lorsqu’une radiothérapie pourrait suffire au traitement des carcinomes épidermoïdes invasifs de petite taille (Stade I). Sur 2 090 publications, cinq études de cohorte rétrospectives comprenant 229 patients traités par radiothérapie seule (âge moyen de 71,5 ans) et 1 660 patients traités par chimio-radiothérapie (âge moyen de 71,0 ans) ont été incluses. Les patients traités par chimio-radiothérapie avaient une survie globale à 5 ans plus élevée que les patients traités par radiothérapie seule (RR 1,08, IC 95 % 1,01-1,17, p = 0,04, I2= 0 %). Ces données de prudence confortent les résultats d’une cohorte multicentrique française récente.
V M Welten (GS7 communication orale) spéculent un meilleur pronostique des carcinomes épidermoïdes invasifs du canal anal chez les femmes. Le travail de cette équipe est basé sur l’extraction des données américaine des carcinomes épidermoïdes HPV induits (stade I à III) déclarés entre 2004 et 2016 : 2 380 patients dont 60% de femmes. Les femmes avaient un stade lésionnel plus élevé et le recours à la chimio-radiothérapie était plus fréquent que chez les hommes. Les hommes étaient plus jeunes mais ils présentaient plus souvent des comorbidités. Les taux de survie à 1 et 5 ans étaient respectivement de 94,5 % (IC95 % : 93,1-95,6) et 74,1 % (IC95 % : 70,7-77,2) pour les femmes, et de 93,1 % (IC95 % : 91,2-94,6) et 67,3 % (IC95 % : 62,9-71,2) pour les hommes. En analyse multivariée, le sexe féminin était un facteur prédictif indépendant d’une meilleure survie (HR 0,74, p=0,003). Les facteurs qui pourraient expliquer les différences de survie pourraient être en rapport avec le mode de contamination, la co infection VIH non analysée, la durée d’exposition anale à l’HPV….
S Chilakamarry & L Farkas (POD202) interrogent les enjeux de l’amputation abdominopérinéale de sauvetage des cancers invasifs de l’anus, la réponse à la chimio-radiothérapie et notamment son timing. En effet, les prises de décision sont souvent perturbées par la réponse thérapeutique parfois retardée à la radiothérapie : la régression peut encore survenir plusieurs semaines après la fin des rayons. Le praticien et son patient sont donc souvent partagés entre le souhait d’attendre la réponse et celui de contrôler la maladie par un geste d’excision. Les auteurs ont extrait les données de la base nationale américaine des cas de 2017 et ont analysé en mode actuariel la survie des patients en fonction du délai entre la date d’amputation et le diagnostic. Sur les 384 patients : 173 patients (45 %) et 42 % (163 patients) étaient de stades II & III respectivement ; 41 (11%) ont dû avoir une amputation abdomino-perinéale complémentaire. La survie n’était pas liée statistiquement à l’intervalle de temps entre le diagnostic et le geste chirurgical. Lors de la régression de Cox, le sexe féminin et l’assurance privée étaient associés à plus faible mortalité : sexe féminin (HR 0,45, 95 % CI 0,34 – 0,63, p : <0,01) ; assurance privée (HR 0,57, 95 CI 0,33-0,97, p : 0,04). La maladie de stade IV en revanche gardait un impact lourd sur la survie (HR 6,77, 95 CI 1,7 – 27,2, p <0,01).
D. A. Leach, Rochester QSD1 (oral). Microbiome et traitement des fistules recto-vaginales. A propos de 14 patientes opérées d’une fistule recto-vaginales. Chez les sujets normaux la flore rectale est plus diversifiée que la flore vaginale. Chez les patientes avec une fistule, les deux flores étaient diversifiées, avec une diversité plus importante chez les femmes sans récidive postopératoire. Le profil bactériologique associé avec un traitement efficace était plus riche en Bacteroidetes, Alistipes, Rikenellaceae, Firmicutes, aussi en Subdoligranulum, Ruminococcaceae UCG-010 and NK4A214 group (je ne garantis pas l’orthographe de ces petites bêtes). Une cible thérapeutique adjuvante ?
A Truong, Los Angeles GS5 (oral). Résection iléo-colique et maladie de Crohn, quels facteurs de risque d’avoir des marges de résection microscopiquement envahies ? La présence d’une activité sur les marges de résection est un facteur de risque de récidive et peut-être de morbidité postopératoire. Une revue rétrospective des résections effectuées dans ce centre entre 2001 et 2019 a été effectuée. 469 interventions, 76 avaient des marges envahies (inflammation aiguë, distorsion des cryptes). Par rapport aux autres malades, pas de facteur prédictif clinique (terrain, traitement). Par contre parmi les critères chirurgicaux, une résection itérative, une transfusion périopératoire étaient des facteurs de risque de marge positive, facteurs liés à l’analyse de la pièce de résection : longueur de résection moindre. Après analyse multivariée, étaient significativement prédictifs de marge microscopiquement envahies : chirurgie itérative, longueur de la pièce courte (mais cliniquement non pertinente : 221 vs 23 cm), transfusion périopératoire. Critères à prendre en compte pour modifier le geste, le traitement médical ?
P. Garg, Mumbai QS25 (oral). Traitement de la fistule sans avoir visualisé l’orifice interne (OI). C’est un pari risqué, mais cette équipe a codifié une stratégie adaptée à cette situation. L’OI n’est pas visualisé cliniquement (examen sous AG avec injection de colorant), ni en IRM. En sept ans, sur 700 malades (suivi médian 33 mois), cette situation a été rencontrée chez 156 (22%). La stratégie suivante était appliquée : relecture de l’IRM, l’OI était considéré comme siégeant en regard du point où le trajet atteignait la surface externe de l’appareil sphinctérien ; en cas de fistule en fer à cheval l’OI était considéré comme étant médian postérieur. Ensuite les fistules basses étaient mises à plat, les fistules hautes étaient traitées par drainage par voie intersphinctérienne (TROPIS procedure- Transanal Opening of Intersphincteric space) (PMID- 28259693, en accès libre)(si j’ai bien compris c’est une sphinctérotomie interne complète à partir de l’orifice interne et jusqu’à la marge afin de mettre à plat l’espace intersphinctérien siège de la suppuration, associée à un curetage, drainage, puis irrigation du trajet résiduel à partir de l’orifice externe, ou dans le cas d’un fer à cheval à partir de l’orifice de drainage des deux fosses ischio-rectales) . Malades guéris : 486/546 (89%) dans le groupe OI trouvé, et 140/156 (90,9%) dans le groupe OI non trouvé (p=0,55). Garg associe à cette stratégie audacieuse une technique opératoire personnelle, ce qui fait beaucoup de choses à évaluer…
P Garg, Mumbai QS24 (oral). Vous avez cherché la technique TROPIS ? Eh bien, elle ne s’applique pas à toutes les suppurations ! En effet, elle permet d’aborder les vraies suppurations intersphinctériennes, mais pas les suppurations qui tout en restant dans l’épaisseur de l’appareil sphinctérien, sont situées dans l’espace extrasphinctérien (entre en dedans, la paroi externe du sphincter externe et, en dehors, son fascia). Sur 26 malades avec une suppuration intramurale, le drainage par voie endoanale de l’espace intersphinctérien n’était possible que chez 20. Chez ces 20 malades il n’y avait pas d’abcès dans la fosse ischio-rectale, mais plutôt une diffusion ascendante intramurale, chez les 16 autres la collection était à l’extérieur du sphincter externe, et impossible à drainer de façon satisfaisante par voie endo anale. L’anatomo-pathologie des suppurations anales est encore une terra incognita…
J Zhu, Shanghai QS20 (oral). La même technique, mais sans sphinctérotomie interne, fermeture de la portion du trajet de l’orifice interne jusqu’à l’espace intersphinctérien, et un drainage de la partie externe de la suppuration. De 2016 à 2020 36 suppurations en fer à cheval opérées selon cette technique, 93% guéris à 6 mois. Pas d’altération de la fonction anale. Une technique conservatrice à apprendre, et évaluer ?
Un très complet symposium sur les malformations ano-rectales (MAR) du nouveau-né. Il ne faut pas parler d’imperforation anale, mais de MAR, car il en existe avec un anus perméable. La prise en charge immédiate des formes sévères repose sur une colostomie en urgence, puis une évaluation vers 3-6 mois et une chirurgie. Les complications et séquelles sont fréquentes après l’âge de 10 ans (troubles de la fonction ano-rectale, sexuelle, prolapsus, fistules secondaires…), or c’est la date à laquelle la plupart des chirurgiens pédiatriques arrêtent leur prise en charge.
Symposium HSIL et AHR. Ce symposium a traité le sujet des lésions de dysplasie avec leur classification, méthodes diagnostiques et thérapeutiques et le risque de progression vers le cancer de l’anus. Voici les idées les plus pertinentes à retenir :
Le risque de cancer anal est le plus élevé chez les HSH VIH + surtout après l’âge de 60 ans ! Par ailleurs, l’étude de Clifford et al (Int J Cancer 2020) retrouve un risque plus élevé de cancer anal chez les HSH VIH – par rapport aux patients non HSH et VIH +. Une autre information intéressante c’est le fait que l’incidence du cancer anal a augmenté depuis 1996 (année d’initiation des anti-rétroviraux) avec une incidence toujours élevée malgré un VIH bien contrôlé. Ceci peut être expliqué par la survie prolongée des patients vivants avec le VIH et donc une plus grande incidence de cancer anal.
En outre, la terminologie des lésions muqueuses reliées à l’HPV a connu de vrais changements durant ces dernières années. La première classification était basée sur 4 catégories (dysplasie légère, modéré, sévère et cis). Par la suite, on est passé à une classification basée sur 3 catégories (AIN 1-3) pour arriver finalement à une classification binaire (LSIL : Low-risk Squamous Intaepithelial Lesion et HSIL : High-risk Squamous Intraepithelial Lesion). La présence de l’oncoprotéine HPV E6/E7 est en faveur d’une HSIL. Cette recherche est réalisée via l’immunohistochimie au p16. Les critères LAST (Lower Anogenital Squamous Terminology) énumèrent les différentes situations où il faut absolument rechercher le p16 : un doute entre HSIL et une lésion qui mime une HSIL, une lésion AIN 2, deux compte-rendus d’anapath discordants et la dernière situation est celle où l’anatomopathologiste ne peut pas trancher entre un AIN 1 et un AIN 3.
Concernant l’AHR (Anuscopie Haute-Résolution), c’est un outil qui joue un rôle primordial dans la détection de lésions de dysplasie (dépistage et diagnostic). Ces lésions sont souvent non visibles à l’anuscopie standard. Grâce à l’application de Lugol et d’acide acétique (5% et non pas 3%) et au grossissement, l’anuscopiste pourra détecter les lésions susceptibles d’être des LSIL ou HSIL et de réaliser des biopsies. C’est un examen qui dure en moyenne 10 à 15 minutes.
Rien de nouveau n’a été évoqué concernant le traitement des lésions reliées à l’HPV.
M.S. Eftahia QSD2 (oral) Etude comparative entre la sphinctérolyse au laser et la sphinctérotomie chirurgicale dans le traitement de la fissure anale chronique. La sphinctérolyse est une nouvelle technique utilisée pour diminuer le risque de douleur post-opératoire et d’incontinence post-sphinctérotomie. La technique nécessite une fibre laser insérée à partir d’une petite plaie au niveau de l’anoderme jusqu’au sphincter interne. Il s’agit d’une étude rétrospective comparant deux groupes ayant une fissure anale chronique : 67 patients ayant subi une sphinctérolyse et 53 patients une sphinctérotomie. Les auteurs ont retrouvé moins de risque de saignement et un retour au travail plus rapide dans le groupe sphinctérolyse en comparaison avec le groupe sphinctérotomie. Le suivi était de 6 mois et aucune récidive n’a été retrouvée dans les 2 groupes. En France, la sphinctérotomie n’est pas réalisée fréquemment. Par contre, la sphinctérolyse est une nouvelle technique qui semble intéressante !
C.F. Fong QS22 (oral) Etude rétrospective sur le THD aux Etats-Unis. La technique THD (Transanal Hemorrhoidal Dearterialization) a été décrite initialement par Morinago en 1995. Les auteurs présentent la plus grande étude monocentrique réalisée aux USA sur le THD. Un total de 125 patients a été inclus avec un suivi moyen de 24,87 mois. Aucun patient n’a nécessité une chirurgie hémorroïdaire classique durant la période de suivi. Pas de complications post-op majeures retrouvées à part 2 patients présentant une fistule anale en post-op. La technique THD est utilisée de plus en plus ces dernières années en France. Pourtant, l’hémorroïdectomie type Milligan et Morgan reste la chirurgie hémorroïdaire la plus pratiquée !
J.F. Hall , U.R. Phatak QS23 (oral) Étude randomisée sur l’efficacité des exercices de respiration profonde pour réduire les douleurs post-opératoires après une hémorroïdectomie. Les auteurs ont étudié 2 groupes de patients ayant eu une hémorroïdectomie type Fergusson. Un des 2 groupes a été traité par des exercices de respiration profonde en plus des antalgiques classiques et des laxatifs. Ces exercices ont été enseignés aux patients avant la chirurgie. 86 patients ont été inclus au total. Le résultat obtenu était décevant vu que ces exercices de respiration n’ont pas diminué de façon significative la douleur post-opératoire. Même si les résultats de l’étude ne sont pas encourageants, il faut peut-être demander aux patients opérés de respirer !
Studniarek , D.J. Borsuk QS26 (oral) Enquête nationale sur l’utilisation de la toxine botulique pour le traitement de la fissure anale chronique par les chirurgiens de l’ASCRS. Cette enquête menée englobe la pratique de 216 chirurgiens. Elle retrouve que 90% des chirurgiens injectent entre 50 et 100 UI de Botox et que la majorité injectent au niveau du sphincter interne (64%). La moitié des participants injectent au niveau des 4 quadrants autour du canal anal. Pas de traitement chirurgical associé dans 62% des cas. La toxine botulique constitue un pilier important dans la prise en charge de la fissure anale chronique aux USA. Quid de cette pratique en France ?
A. Ore, Boston MA.GS2 (oral): Évènement thromboembolique et Cancer colorectal (CCR) ?
Une série rétrospective sur plus de 1600 patients opérés d’un CCR s’intéressant à l’incidence des TVP/EP en postopératoire (1,24% et 0,77% respectivement). Comparaison de la période 2010-2011 (avant les recommandations de 2012 sur la thromboprophylaxie postopératoire de 4 semaines) vs 2013-2018. Efficacité de ces recommandations avec diminution du taux de thrombose veineuse profonde (1,1 vs 1,4%, p=0.005) depuis 2012.
B.C. Herritt, New Orleans, LAGS3 (oral) : Le cancer colique stade II de plus mauvais pronostic que le stade III ?? Etude de cohorte comparant la survie spécifique entre les stades II de bas risque (n=18056), haut risque à 1 facteur(n=9426),haut risque avec au moins 2 facteurs (n=3503) et stade III (n=34842). La survie à 5 ans était significativement réduite chez les stades II avec 2 facteurs de risque ou plus par rapport aux stades II bas risque, stades II avec 1 facteur et stades III. Parmi les Stades II avec 1 facteur de risque l’existence d’une tumeur peu différenciée était associée à une meilleure survie que la présence d’un T4, ou un engainement perinerveux, ou moins de 12 ganglions analysés.
Cette étude met en exergue la « faiblesse de la TNM » et souligne le rôle cumulatif des facteurs de haut risque, associé à une réduction de la survie. Peut-être même sous-estimé car tumeurs en occlusion /perforées / emboles vasculaires non renseignés. Importance d’un consensus pour le traitement adjuvant des stades II à haut risque.
B. Li, Omaha, NE GS4 (oral): Adénocarcinome du grêle. Pathologie rare avec une incidence en augmentation et une mortalité stable. n=1806 stades II/III (2004-2016) : 1238 CT adjuvante(284 monothérapie – 869 plurithérapie – 85 NC) vs 568 pas de traitement adjuvant. Mortalité augmentée dans le groupe sans CT (HR 1.2, CI 1.01-1.43, p = 0.037). Absence de différence entre mono et plurithérapie. Un essai contrôlé de phase 3 est en cours : BALLAD Trial Phase III (Benefit of adjuvant Chemotherapy for Small Bowel). On peut souligner l’absence d’information concernant les molécules de chimiothérapie utilisées et l’absence d’utilisation d’un score de propension.
A.M. Madiedo, Allston, MA GS6 (oral): La RAAC en chirurgie colorectale s’essouflerait-elle ?
Une série rétrospective intéressante avec une autocritique de l’application RAAC au sein d’une institution qui l’avait instaurée en 2016. Comparaison des débuts (janvier – décembre 2016, n=123) versus 3 ans après (janvier – décembre 2019, n=127). Qualité de la RAAC significativement moins bonne en 2019 (moins d’information des patients, moins de thérapeutiques) avec pour conséquences en 2019 une augmentation des durées de séjour et du taux de réadmission. Les auteurs soulignent l’importance de la collaboration (chirurgiens, infirmières, anesthésistes) pour maintenir le succès de la RAAC.
M.W. Grunvald Chicago, IL GS8 (oral): Black lives matter! Même dans la prise en charge du Cancer Colorectal. Une étude de “race” très américaine, effectif conséquent, plus de 500 000 patients pris en charge pour CCR stades I-III (2004-2017) : 10% patients noirs. La couleur de peau est un facteur indépendant de retard à la prise en charge, tout comme le revenu moindre, le niveau d’éducation moindre, les comorbidités, la prise en charge en hôpital publique et l’absence de couverture médicale. Ces facteurs étant indépendamment associés aux patients noirs par rapport aux patients blancs. Un global reflet des disparités sociales aux USA et d’un système de santé à deux vitesses. Rien à envier aux US en termes de système social de santé !
Enfin un symposium sur génétique et cancers colorectaux avec un rappel sur le syndrome de Lynch par l’équipe de Sandiego (S. Ramamoorthu) qui préconise la réalisation d’une colectomie subtotale avec AIR chez les patients de moins de 60 ans avec Lynch avéré (qualité de vie équivalente vs colectomie segmentaire) et hystérectomie / ovariectomie bilatérale chez les femmes de plus de 40 ans. Place essentielle du génotypage tumoral (MSI/ MSS) et la recherche de mutations (système MMR++) pour l’identification de cancers héréditaires. Rappel sur l’absence d’indication à la réalisation d’une CT adjuvante pour les stade II bas risque MSI, et sur l’indication en première ligne de l’immunothérapie dans les stades IV MSI.
Aujourd’hui, des travaux variés et intéressants, et plusieurs sont superposables à des travaux français en cours…
S Broccard, QSD11 (oral) : Risque de malignité et suites opératoires des tailgut cyst présacrés, l’expérience de la Mayo Clinic. Après quelques diapositives sur la prise en charge diagnostique des tumeurs rétrorectales, présentées la veille par M Russel (LA), l’équipe de la Mayo Clinic, à l’origine de la plus large série publiée à l’heure actuelle, rapporte aujourd’hui des taux de malignité et de récidive de 8% et 5.5%, respectivement, dans une série de 73 tail gut cyst. Il n’existe pas de facteurs de risque associés à la malignité ni à la survenue d’une complication postopératoire. Les auteurs proposent un magnifique algorithme de prise en charge. Il ne manque plus que la série française des tumeurs rétrorectales (plus large que celle de la Mayo Clinic – chut!-) soit publiée pour discuter…
GA Rubio, QSD9 (oral) : Un petit cancer du rectum n’est pas toujours si petit : pourrions-nous proposer un traitement néoadjuvant pour les tumeurs T2N0 ? Une série rétrospective de 552 patients avec un cancer du rectum cT2N0M0 opérés d’emblée (75%) ou après traitement néoadjuvant (25%). 30% des patients sont finalement T3 ou T4, et 14% sont N+: les petites tumeurs semblent être sous-estimées, le traitement néoadjuvant permettrait de proposer une stratégie de conservation d’organe (19% T0 après traitement néoadjuvant vs 6% sans). Mais la méthodologie de ce travail est imparfaite pour rejoindre les résultats français du Greccar 2 par exemple (18% des lésions sont situées dans le haut rectum, aucune donnée sur la survie et récidive n’est disponible).
CM Tom, QSD10 (oral) : si on pouvait choisir son côté… Dans cette série rétrospective de cancers colorectaux avant 50 ans, les ¾ étaient localisés à gauche, avec des données démographiques et anapath comparables entre les 2 localisations, MAIS une survie globale significativement diminuée à droite (43% vs 78%, p=0.0002) par rapport à gauche, notamment pour les stades III (37% vs 63%, p=0.004). Des résultats en accord avec des travaux récents sur le sujet, dont une publication française sur la base AFC du cancer colique en occlusion.
On finit la journée par une série de cauchemars opératoires connus et surtout redoutés des chirurgiens colorectaux, quel que soit leur lieu d’exercice… pas besoin de traverser l’Atlantique… pour affronter une plaie urétérale, une hémorragie massive, une défaut d’agrafage, un test à l’air positif, une erreur de plan, une perforation endoscopique, ou encore des difficultés peropératoires liées à l’obésité morbide…