La dyschésie c’est…
La dyschésie peut être définie par une difficulté à évacuer le contenu rectal dans des conditions simples. Elle correspond à ce qui est également appelé constipation distale ou terminale, ce dernier terme (« terminale ») devant être éviter pour ne pas inquiéter les patients ! (1)
En revanche, il est important de noter que, si les différentes définitions opposent la dyschésie et la constipation de transit, ces deux mécanismes de la constipation sont souvent associés. En effet, une dyschésie induit naturellement une constipation de transit. De la même manière, une constipation de transit, à l’origine de selles dures et de petite taille, favorise des troubles de l’évacuation (2).
Attention…dyschésie ne signifie pas « fonctionnel » ou « bénin ».. ! En effet, un obstacle tumoral intra-rectal (ou une pathologie gynécologique) peut se manifester par des troubles de l’évacuation. Ainsi, une cause organique devra toujours être éliminer.
La dyschésie se manifeste par différents symptômes, associés entre eux ou non. Les patients rapportent le plus souvent une difficulté d’évacuation des matières fécales, une exonération longue ou en plusieurs temps, des efforts de poussée prolongés et, parfois, le recours à des manœuvres digitales d’aide à l’évacuation, qui peuvent être endo-anales ou endo-vaginales.
Elle peut également se manifester comme la nécessité fréquente d’utiliser des suppositoires ou de lavements évacuateurs.
La dyschésie…mais pourquoi ?
Après avoir écarté une cause secondaire organique, on peut schématiquement considérer que la dyschésie peut être liée à des troubles fonctionnels seuls (dyschésie à périnée normal) ou à des troubles anatomiques de la statique pelvienne (1).
La dyschésie fonctionnelle
La dyschésie fonctionnelle peut être liée à une asynergie abdomino-périnéale et à l’hypertonie instable du canal anal.
L’asynergie abdomino-périnéale (AAP) ou asynchronisme abdomino-pelvien est également appelée anisme par certains auteurs. Néanmoins, pour d’autres, le terme d’anisme doit être réservé aux troubles associés à un contexte psychologique particulier comme un antécédent d’abus sexuel par exemple.
L’AAP correspond à un défaut de coordination entre la poussée abdominale et la relaxation de l’appareil sphinctérien. L’AAP « classique » est définie par une contraction paradoxale du sphincter anal externe lors d’une poussée abdominale suffisante. Néanmoins, actuellement, on définit, sur le plan manométrique, différents sous types d’AAP en fonction de l’efficacité ou non de la poussée abdominale et de la contraction paradoxale ou la « simple » non-relaxation du sphincter anal externe (cf section explorations). L’intérêt de cette précision est d’adapter au mieux de type de rééducation.
Si la manométrie ano-rectale est l’examen de référence pour décrire le mécanisme de l’AAP, l’examen clinique peut l’identifier et les examens morphologiques dynamiques (défécographie et déféco-IRM) pourront également montrer l’absence de relaxation ou la contraction paradoxale du sphincter anal externe lors des efforts de poussée.
L’hypertonie instable du canal anal (ou ondes ultra-lentes) est la deuxième cause de dysfonction sphinctérienne fonctionnelle. Il est ainsi plus difficile de relaxer un canal anal très tonique.
Les troubles anatomiques de la statique pelvienne
Ils peuvent être isolés ou associés entre eux. Les plus fréquemment observés sont le prolapsus rectal interne et la rectocèle (respectivement 30% et 19%). Néanmoins les autres troubles ne sont pas rares : entérocèle (19%), prolapsus rectal (13%), périnée descendant (10%).
On considère que la dyschésie est associée à des troubles anatomiques jusque dans 80% des cas, avec bien entendu des degrés d’atteinte très variables (3,4).
À retenir !
- La dyschésie une difficulté à évacuer le contenu rectal dans des conditions simples
- Si elle est le plus souvent « bénigne », elle nécessite d’éliminer une cause organique digestive, gynécologique ou urologique
- Elle peut être soit « purement » fonctionnelle « à périnée normal » ou en lien avec des troubles anatomiques de la statique pelvienne isolés ou associés entre eux
Références :
- Piche T, Dapoigny M, Bouteloup C, Chassagne P, Coffin B, Desfourneaux V, et al. [Recommendations for the clinical management and treatment of chronic constipation in adults]. Gastroenterol Clin Biol. 2007 Feb;31(2):125-35
- Siproudhis L, Ropert A, Lucas J, Raoul JL, Heresbach D, Bretagne JF, et al. Defecatory disorders, anorectal and pelvic floor dysfunction: a polygamy? Radiologic and manometric studies in 41 patients. Int J Colorectal Dis. 1992;7(2):102-7.
- Mellgren A, Bremmer S, Johansson C, Dolk A, Uden R, Ahlback SO, et al. Defecography. Results of investigations in 2,816 patients. Dis Colon Rectum. 1994;37(11):1133-41.
- Shorvon PJ, McHugh S, Diamant NE, Somers S, Stevenson GW. Defecography in normal volunteers: results and implications. Gut. 1989;30(12):1737-49.