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Prothèses dans les cures de prolapsus pelviens. Où en sommes-nous après l’alerte émise par la HAS ?

MEK : La Haute Autorité de Santé a émis en 2018 une circulaire concernant une alerte sur les prothèses de chirurgie de prolapsus pelvien. Que s’est-il passé pour que cette alerte soit déclenchée ? 

GM : C’est effectivement un point important et je crois qu’il faut qu’on souligne cette circulaire et ce qui en découle, auprès de nos auditeurs et nos lecteurs. Les conséquences peuvent amener à changer nos pratiques. 

Alors que s’est-il passé ? En fait la chirurgie du prolapsus pelvien et de l’incontinence urinaire, puisque les deux sont concernés, a vu ses indications s’élargir de façon assez importante depuis une vingtaine d’année. Surtout est apparue la mise en place de prothèses pour assurer un meilleur maintien et un résultat plus fiable à long terme. 

Jusque-là personne ne conteste la pertinence de ces prothèses pour renforcer les tissus. Le problème vient du fait que certaines patientes ont eu des complications. D’où la circulaire de la HAS qui a été établie à la demande du gouvernement et du ministère de la santé, dans le but d’alerter les praticiens et les patientes sur les complications de ces prothèses. C’est là le problème crucial.

Alors que cette circulaire ? Elle dit qu’il faut encadrer la mise en place des prothèses, un peu comme on le fait pour le médicament, car au préalable ça n’existait pas pour le dispositif médical. C’est à dire que, pour pouvoir utiliser ces prothèses, et les poser chez un patient il faut une évaluation préopératoire scientifique fiable, il faut un registre de suivi des patients, c’est ça peut être le plus important, pour avoir un retour sur la matériovigilance et les complications éventuelles.

C’est le message que voulait faire passer cette circulaire qui est parue en 2018.

MEK : Y at-il actuellement des recommandations sur la prise en charge des prola psus pelviens ?

GM : Alors oui, c’est un point crucial. C’est dire qu’entre le moment où les institutions et les tutelles émettent une alerte, et le moment où elles peuvent mettre à disposition les outils permettant de faire aboutir la volonté de cadrer cette chirurgie, et bien il ya un délai incompressible. Délai qui est lié à la formation des commissions et à la mise en place des recommandations.

Ce qu’on peut dire, c’est que les recommandations sont en cours. Elles ne sont pas encore entièrement publiées. Elles étaient attendues pour la fin de l’année 2020, et elles vont probablement intervenir et être publiées au début de l’année 2021.

On en attend les résultats.

Mais ce qu’on peut dire, c’est qu’elles vont concerner, d’une part les industriels qui vont devoir se soumettre à des règles pour pouvoir mettre sur le marché leurs dispositifs, et d’autre part les chirurgiens obligés à l’inscription des patientes dans un registre et un engagement sur un suivi de matériovigilance et de retour sur les retours à long terme.

Et de façon directe pour nous, la nécessité de devoir présenter les dossiers en réunion de concertation pluridisciplinaire pour valider les indications. Nous devons peut-être modifier l’information qu’on donne aux patientes, en délivrant un message peut-être un peu plus loyal enfin un peu plus exhaustif, notamment concernant les complications. Nous devons probablement nous engager à suivre les patientes à long terme pour avoir un retour.

Donc ces recommandations sont importantes. Elles vont nous permettre de pouvoir plus sereinement utiliser ces produits. 

Mais en attendant qu’elles soient publiées on peut avancer dans cette direction et on attend incessamment le retour de ces différentes commissions. 

MEK : En ce début d’année 2021 que nous conseille tu de faire ?

GM : Alors, attendre les recommandations certes. Mais en attendant, ces indications de poses de prothèses concernent de nombreuses patientes, si on ajoute les vingt mille patientes opérées d’incontinence urinaire, aux femmes opérées de prolapsus, cela trente mille patients par an selon la HAS. Cela constitue vraiment un problème de santé publique.

Donc il faut continuer de soigner ces patientes. 

Je crois qu’en attendant d’avoir des informations et des recommandations claires, il faut déjà s’engager à modifier l’information qu’on délivre aux patientes. Leur délivrer l’information que je viens de donner basée sur les connaissances actuelles, les informer de la démarche qu’a entrepris la HAS, et ce qui a motivé cette initiative. 

Ensuite probablement, essayer de travailler ensemble en concertation pluridisciplinaire avec les collègues impliqués dans la prise en charge. Il y’a déjà beaucoup de RCP qui se sont bâties autour de la pelvi-périnéologie, et je pense que c’est une démarche qui est positive. Tout ce qui peut être anticipé n’aura pas être fait secondairement. 

L’attitude positive à avoir est d’anticipes les recommandations ultérieures que l’on devine. Voilà ce qu’on peut dire pour essayer d’encadrer au mieux la prise en charge pendant cette période de flottement.

MEK : Merci Guillaume.