The Influence of Social Desirability on Sexual Behavior Surveys: A Review.
King BM.
Arch Sex Behav 2022 ; 51 :1495-501 (texte intégral en accès libre).
Mots clés
Sexualité, interrogatoire, enquête, biais social, social desirability
Appréciation
La chirurgie ano-rectale peut retentir sur la sexualité, et notamment sur la sexualité anale. Bien que l’on ne connaisse ni l’importance, ni tous les mécanismes selon lesquels cette chirurgie peut retentir sur la sexualité anale, il pourrait sembler raisonnable de poser la question au ou à la patient·e avant de l’opérer.
Encore faut-il que la réponse soit fiable… Cette revue de la littérature résume l’influence de la « social desirability » sur les réponses aux questionnaires sur la sexualité. Le biais de « social desirability » est dû au poids psychologique de la conduite « socialement adaptée ». Ce biais a été prouvé dans de nombreuses enquêtes, comme celles sur le poids, la taille, l’apport calorique, en alcool…
Cette revue de la littérature nous montre qu’il existe aussi une corrélation très forte entre l’exactitude de la réponse et le poids des conventions sociales pour les questions sur la sexualité. Cette corrélation a notamment été montrée dans des études (même les plus récentes) chez les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes. Et, ce biais est aussi présent dans les enquêtes en population générale. Par exemple le taux de corrélation entre la déclaration d’utilisation de préservatifs faite par les hommes et par leurs partenaires féminines n’est que de 0,50.
Le mécanisme de ce biais serait double, soit inconscient par une mauvaise autoappréciation, soit conscient par modification de la réponse pour plaire à l’interlocuteur.
L’influence de ce biais social serait plus forte lors d’un interrogatoire face à face que lors d’une enquête anonyme. Mais cette dernière modalité est loin de l’éliminer, qu’elle soit effectuée sur papier ou sur écran. Pour ceux que cela intéresse, il existe un score mesurant l’importance individuelle de la « social desirability » (1). Ce score peut être utilisé pour corriger les réponses obtenues à un questionnaire, encore faut-il maitriser la régression logistique.
Cette revue de la littérature, assez convaincante et accompagnée d’une bibliographie étoffée, montre clairement que les réponses aux questions sur la sexualité ne sont pas toujours fiables. Mais dans notre pratique, ce biais intervient-il aussi lorsqu’un chirurgien ou un proctologue pose la question à un futur opéré ? L’implication d’un patient est évidemment fort différente de celle du sujet d’une enquête générale, mais cette revue de la littérature ne donne pas la réponse.
Ah, aussi ! Quels biais à la question suivante : imaginez-vous avoir un jour envie de relations sexuelles anales ?