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Le sphincter anal artificiel : Quel service après-vente ?

  1. Quelles sont les circonstances pour lesquelles les patients viennent consulter après la pose d’un sphincter anal artificiel ?

Les patients porteurs d’un sphincter anal artificiel sont souvent des patients très suivis sur le plan médical. Outre la vérification du bon fonctionnement du dispositif, les patients décrivent régulièrement des troubles de l’évacuation du rectum et une gestion diététique assez rigoureuse est nécessaire.

  1. Que proposez-vous aux patients qui se plaignent de troubles de l’exonération après la pose d’un sphincter anal artificiel ?

Les difficultés d’évacuation représentent la première plainte des patients chez qui un sphincter artificiel a été posé. Cela concerne environ la moitié des patients ; mais à un degré variable. La plupart parvient à bien gérer les évacuations moyennant un régime riche en fibres et des laxatifs de lest. Cependant, certains sont gênés de façon récurrente et consultent pour améliorer leur confort. Dans cette situation, les lavements évacuateurs peuvent être effectués, mais en expliquant bien au patient qu’il faut éviter tout traumatisme au niveau du sphincter car l’érosion peut être une complication des manœuvres endoanales itératives. Des explications et une éducation suffisent à garantir une sécurité dans l’administration des lavements.

SAV SAA
  1. Quelle est votre stratégie de prise en charge des patients porteurs d’un sphincter anal artificiel chez qui réapparaissent des symptômes d’incontinence anale ?

Lorsqu’un patient obtient un bon résultat pendant un délai puis se plaint à nouveau d’incontinence anale, il faut évoquer plusieurs hypothèses : en premier lieu, une modification du transit intestinal à la faveur d’un régime alimentaire ; d’une autre intervention digestive (cholecystectomie ou colectomie pour diverticulose par exemple). Il faut donc toujours refaire un bilan nutritionnel et évaluer la régularité du transit et sa consistance au mieux autour d’un score de Bristol 3-4.

La seconde hypothèse est un dysfonctionnement du sphincter. Il existe 2 dispositifs qui ont été implantés en France : Le dispositif en silicone qui maintient sous pression un liquide dans la manchette et la bague magnétique.

Concernant le dispositif silicone, la fuite sur les différentes composantes est à rechercher et la réalisation d’une radiographie de bassin de face et profil peut permettre de dépister la perte de pression. Concernant le dispositif magnétique, c’est la perte de mobilité de l’anneau ou bien sa rupture qui le plus souvent explique son dysfonctionnement. La radiographie de bassin et l’image en radioscopie montrent alors l’anomalie. En cas de dysfonctionnement de matériel, il faut idéalement le réviser ou remplacer. Malheureusement, ces 2 dispositifs ne sont plus disponibles aujourd’hui.

  1. Que peut-on proposer aujourd’hui aux patients dont le sphincter anal artificiel dysfonctionne ?

Dans la situation actuelle (qui pourrait néanmoins évoluer) il n’est pas possible de remplacer les dispositifs qui ne sont plus commercialisés.  Dans ces conditions, en cas d’incontinence invalidante, il faut s’orienter vers d’autres approches :

  • Les irrigations coliques  (à l’aide du dispositif Peristeen)
  • Les méthodes de neurostimulation peuvent être proposées (Neurostimulation tibiale postérieure ou neuromodulation sacrée)
  • Les injections intersphinctériennes
  1. Quelle(s) est (sont) pour vous les indications d’explant de sphincter anal artificiel ?

Même s’il n’est plus fonctionnel le dispositif peut être laissé en place une fois que l’on a pu vérifier qu’il n’y avait pas d’érosion ou d’infection. En revanche, tout signe d’érosion ; d’infection ou bien la survenue d’une douleur chronique seront de bonnes indications d’explantation du matériel.

Dans ces situations, il faut retirer la totalité du matériel, c’est-à-dire manchette et extensions, ballonnet lorsqu’il s’agit d’un dispositif en silicone. La cicatrisation n’est pas toujours évidente et il est possible que des soins locaux soient nécessaires sur les plaies si ces dernières ne cicatrisent pas de façon spontanée. Le patient doit bien être informé de ces dispositions car souvent la situation est vécue comme un échec, et les soins prolongés peuvent ajouter encore à son désarroi. Néanmoins, la perspective de proposer à terme une alternative peut rassurer le patient et l’aider à surmonter cette période délicate