Le polyéthylène glycol (PEG) est un polymère synthétique qui occupe une place de premier plan dans le domaine des traitements laxatifs.
Quand il est utilisé en usage médical, on l’appelle macrogol et les plus fréquemment utilisés en France sont ceux à haut poids moléculaires (Macrogol 3350 et 4000).
Le macrogol est généreusement utilisé en France dans tout type de traitements laxatifs (Transipeg®, Forlax®, Movicol®) mais également de préparations coliques (Colopeg®, Fortrans®, Klean Prep®, Moviprep®), et ce n’est pas sans raison.
Son adoption répandue dans ces catégories de médicaments repose sur ses caractéristiques uniques et ses avantages cliniques éprouvés. Tout d’abord, le PEG est apprécié pour sa capacité à soulager la constipation de manière efficace et relativement douce. Il agit en augmentant la quantité d’eau dans les selles, ce qui facilite leur passage à travers les intestins.
Une donnée trop souvent négligée cependant concerne son impact écologique.
Faut-il continuer à prescrire ce dérivé du pétrole qui finira, une fois sa mission intestinale remplie, dans nos eaux usées ? Ne vaut-il pas mieux lui préférer des alternatives plus naturelles comme l’ispaghulou le psyllium, plantes riches en fibres aux propriétés laxatives démontrées et composante principale des mucilages ?
La biodégradabilité du PEG est communément admise mais les études sont anciennes (Jones et Watson, 1976; Schink et Stieb, 1983; Kawaï et Yamanaka, 1986; Wagener et Schink, 1988) et principalement concentrées sur les PEG à bas poids moléculaire.
Une étude plus récente a cherché à répondre à cette question en étudiant la biodégradabilité du PEG 40001 en présence de plusieurs microflores complexes, y compris celle que l’on retrouve dans les stations d’épuration.
Les résultats sont plutôt rassurants et montrent que le PEG 4000 peut être dégradé par les microflores environnementales, bien que sa dégradation varie en fonction de la source des micro-organismes et des conditions environnementales.
L’impact écologique du PEG apparait donc limité et aucune limitation d’usage pour motif écologique ne semble de rigueur.
Ce questionnement sur le devenir environnemental de nos médicaments doit cependant se poser pour chacune de nos molécules.
Un étude parue en 20222 dans la revue de l’académie des sciences américaine a analysé la qualité des eaux de rivières dans 104 pays différents. Un quart d’entre elles contiennent des substances médicamenteuses à des niveaux supérieurs à ceux considérés comme sans danger pour les humains et les organismes aquatiques. La carbamazépine et la metformine sont les deux substances les plus retrouvées.
Nos choix de prescriptions ne doivent plus en 2023 reposer sur le seul intérêt thérapeutique. Nos établissements de santé sont nombreux à avoir fait apparaitre le prix des traitements dans les logiciels d’aides à la prescription afin d’inciter à la limitation des coûts dans un contexte de ressources financières limitées. Peut-être est-il temps d’intégrer également à nos logiciels un indice d’impact environnemental dans notre contexte de ressources naturelles limitées.