Twice-Yearly Lenacapavir for HIV Prevention in Men and Gender-Diverse Persons.
Kelley CF, Acevedo-Quiñones M, Agwu AL, Avihingsanon A, Benson P, Blumenthal J, Brinson C, Brites C, Cahn P, Cantos VD, Clark J, Clement M, Creticos C, Crofoot G, Diaz RS, Doblecki-Lewis S, Gallardo-Cartagena JA, Gaur A, Grinsztejn B, Hassler S, Hinojosa JC, Hodge T, Kaplan R, Lacerda M, LaMarca A, Losso MH, Valdez Madruga J, Mayer KH, Mills A, Mounzer K, Ndlovu N, Novak RM, Perez Rios A, Phanuphak N, Ramgopal M, Ruane PJ, Sánchez J, Santos B, Schine P, Schreibman T, Spencer LY, Van Gerwen OT, Vasconcelos R, Vasquez JG, Zwane Z, Cox S, Deaton C, Ebrahimi R, Wong P, Singh R, Brown LB, Carter CC, Das M, Baeten JM, Ogbuagu O; PURPOSE 2 Study Team.
N Engl J Med 2024 Nov 27.
Mots clés
VIH, prévention, PrEP
Appréciation
Le nombre de nouvelles infections par le VIH a diminué de 35 % à l’échelle mondiale depuis 2010 ; cependant, les nouveaux diagnostics ont augmenté parmi les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les femmes transgenres. La PrEP (Prophylaxie Pré-Exposition) est aujourd’hui proposée aux personnes les plus exposés au VIH et consiste à prendre un traitement antirétroviral (emtricitabine/ ténofovir disoproxil) en continue ou à la demande (24h avant puis pendant 48h après un rapport à risque). La PrEP a démontré son efficacité (et son coût-efficacité) dans la prévention du VIH mais son utilisation est encore trop limitée et son efficacité conditionnée à la bonne observance du traitement.
Cet article publié dans le New England Journal of Medicine en novembre 2024, rapporte l’efficacité du lénacapavir en prévention du VIH chez des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les femmes transgenres. Le lénacapavir est un inhibiteur de la capside du VIH-1, très puissant et doté d’une longue demi-vie, permettant une administration sous-cutanée deux fois par an. Il a aujourd’hui l’AMM en France en combinaison avec d’autres molécules pour les infections par le VIH multirésistantes.
Dans cet essai de phase 3, les patients ont été randomisés en double aveugle pour recevoir du lénacapavir par voie sous-cutanée toutes les 26 semaines ou du fumarate d’emtricitabine-ténofovir disoproxil (F/TDF) par voie orale quotidiennement. Afin d’éviter, pour des problèmes éthiques évidents, d’avoir un groupe contrôle par placebo, le critère de jugement principal était la comparaison du taux d’incidence de l’infection par le VIH dans le groupe lénacapavir avec l’incidence de fond du VIH dans la population dépistée avant l’inclusion. Le critère de jugement secondaire était la comparaison de l’incidence de l’infection par le VIH dans le groupe lénacapavir à celle du groupe F/TDF.
Parmi les 3 265 participants inclus dans l’analyse en intention de traiter, des infections par le VIH sont survenues chez 2/2 179 participants du groupe lénacapavir (0,10 pour 100 personnes-années) et chez 9/1 086 participants dans le groupe F/TDF (0,93 pour 100 années-personnes). L’incidence de base du VIH dans la population dépistée (4 634 participants) était de 2,37 pour 100 années-personnes. L’incidence de l’infection par le VIH dans le groupe lénacapavir était significativement inférieure à la fois à l’incidence de fond et à l’incidence dans le groupe F/TDF. Les 2 cas d’infection VIH sous lénacapavir était liée à une mutation primaire N74D du VIH. Les 9 participants du groupe F/TDF qui ont été infectés par le VIH présentaient des signes d’observance faible ou inexistante ou avaient arrêté le F/TDF plus de 10 jours avant le diagnostic. Aucun problème de sécurité n’a été identifié.
Cette étude a donc montré que l’administration sous-cutanée de lénacapavir deux fois par an était efficace et plus efficace que la PrEP utilisée actuellement pour la prévention de l’infection par le VIH dans la population très à risque des hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes. L’efficacité du lénacapavir avait déjà été démontrée quelques mois plus tôt (également publié dans le New England Journal of Medicine) dans une population de femmes cisgenres avec une efficacité de 100 % (aucune contamination chez les 2134 participantes dans le groupe lénacapavir).
On ne sait pas encore si et quand cette molécule aux résultats impressionnants arrivera dans le quotidien de nos prepeurs, du fait notamment de son coût (21 000 euros par an vs 1 800 environ pour le F/TDF) mais il semble bien qu’une révolution dans la prévention du VIH soit en marche.