Le mois de juin est la dernière ligne droite avant l’été, la fatigue se fait sentir et nous « serrons les fesses », comme le veut l’expression populaire, jusqu’aux grandes vacances bien méritées où enfin il sera possible de se détendre.
Se détendre oui… mais jusqu’où ? Une petite partie de nous reste difficile à relâcher en public. Le sphincter anal se trouvant même au repos dans un état de tension sous la dépendance du réflexe myotatique (Amarenco G, Prog Urol 2020), son relâchement inopiné risquerait d’entraîner l’échappement d’un gaz non attendu.
Après… Est-ce vraiment grave … ? De prime abord, on dirait que non…
Non … Mais, ça dépend où on est… Une rapide recherche sur le net nous apprend l’histoire d’individus licenciés entre autres pour avoir émis des gaz malodorants sur leur lieu de travail (en France !!!)… On est finalement mieux en vacances… ou d’individus ayant été débarqués de l’avion pour les mêmes raisons (Fake News ??).
En parlant d’avion… Nous sommes certainement plusieurs à prendre l’avion pour les destinations de vacances et nous expérimenterons certainement un phénomène parfaitement naturel qui est l’augmentation de la quantité de gaz produite par notre intestin en raison des basses pressions. Pour améliorer l’expérience du vol et votre confort en vue de permettre un relâchement complet, laissez vous tenter par les couvertures ou les fauteuils rembourrés avec du charbon actif qui permettraient de réduire l’odeur (mais pas le son !) de vos gaz (Pommergaard HC, N Z Med J 2013 ; Suarez FL, Gut 1998).
Autre solution, si vous n’avez pas la chance d’avoir accès à ces coussins et couvertures charbonnés, sachez que vous pourrez toujours trouver sur le net des sous-vêtements anti-odeurs permettant là encore d’améliorer le quotidien ! Ces sous-vêtements sont utilisables même si vous ne prenez pas l’avion puisque vous émettrez quotidiennement en moyenne 10 gaz par jour (Furne K, Dig Dis Sci 1996).
Des sous-vêtements, oui mais… la toile nous apprend qu’un certain nombre de références est en rupture de stocks à la différence de nos gaz intestinaux qui pointent leur nez au mauvais moment…
En parlant de nez… Sachez que les odeurs proviennent en partie du sulfure d’hydrogène (Suarez FL, Gut 1998) et que la production du sulfure d’hydrogène pourrait être réduite par une alimentation riche en fibre à la différence des protéines qui aurait tendance à l’augmenter (Teigen L, Curr Opin Clin Nutr Metab Care 2024).
Adapter son alimentation oui, mais… L’été reste quand même synonyme de petite bière auprès du barbecue avec les amis ou la famille. Alors si vous n’aimez pas les sous-vêtements au charbon et que du coup, vous êtes plus à risque d’émettre un volume gazeux augmenté et odorant, il vous reste la philosophie et l’Histoire.
En effet, la perception symbolique (et non sensorielle !) du pet est liée à notre éducation et notre civilisation. Si on regarde l’Histoire, la perception du pet n’a pas toujours été si négative. Dans l’antiquité, le pet était élevé au rang de divinité bienfaisante chez les Égyptiens et les Grecs le considéraient également comme bienfaisant puisque Hippocrate disait que « les émanations de l’anus, fétides et réitérées soulagent le ventre » (Histoire du pet, Jean Feixas). Plus récemment les Japonais faisaient, semble-t-il des combats de pets pendant qu’en Europe la pétomanie amuse les rois et les nobles depuis Roland le pêteur et Henri I outre-manche, jusqu’à Joseph Pujol à Paris. Et plus tard, Pierre Thomas Nicolas Hurtaut écrivait dans « l’art de péter (1751) » que « péter est une chose utile ».
Alors oui ! C’est l’hygiénisme qui a certainement modifié les mentalités au moment où le rapprochement entre les épidémies, notamment de choléra, et les déjections humaines a été fait. Le pet est donc devenu impropre comme la selle vectrice de miasmes.
Oui mais… le gaz, jusqu’à preuve du contraire, n’a jamais transporté d’agent infectieux… Du moins c’est ce qu’on (je) pensait jusqu’à ce que le COVID-19 fasse réfléchir et fasse émettre l’hypothèse que les gaz pourraient transmettre des virus (Mukhra R, Acta Biomed 2020).
Oui mais… jusqu’à preuve du contraire si le masque protège des miasmes transmis par l’expiration, on peut imaginer (et espérer) que les sous-vêtements et les vêtements bien portés puissent agir de même… Soyons donc tranquilles et relâchons-nous !!
Alors, si cette rubrique vous a fait sourire, n’oublions pas qu’au moins 7 à 15% des Français vivent en situation d’incontinence (Liot E, Rev Prat 2023) voire jusqu’à 30% dans les populations à risque (Rebmann E et al, Langenbeck’s Arch Surg 2024). Et si la prise en charge de l’incontinence fécale offre de plus en plus de possibilités thérapeutiques ancestrales ou innovantes, l’incontinence aux gaz reste malheureusement le parent pauvre de l’incontinence anale avec peu de thérapeutiques efficaces en dehors de la rééducation et de neuromodulation ou stimulation nerveuse.
Alors… Peut-être est-il temps de changer nos mentalités et d’accepter le pet comme une normalité. D’ailleurs, s’il est encore nécessaire de venter (vanter ndlr) les mérites du pet, sachez que les couples qui acceptent de sauter le pas et d’entendre sa moitié venter dans la même pièce vivent plus heureux et plus longtemps. De même, le célèbre pétomane Joseph Pujol est décédé à l’âge de 88 ans, ce qui était une sacrée longévité pour l’époque. Alors oui, c’est un fait, se relâcher aide à vivre vieux et heureux. Comme le dit un proverbe du moyen-âge : « Pour vivre sain et longuement, il faut donner à son cul vent ».
Nous ne sommes malheureusement pas encore prêts à accepter… En attendant, pour continuer d’accompagner vos patient(e)s en situation d’incontinence vous pourrez lire et partager, durant vos lectures sur la plage, les doigts de pied en éventail, le site « osons-parler-incontinence.org » accessible très prochainement directement via le site de la SNFCP.
En attendant que le rêve du respectable Benjamin Franklin, transmis dans sa lettre satirique « Fart Proudly » aux Académies des Sciences européennes, de trouver une solution pour que les gaz ne sentent plus soit atteint. Commençons à accepter et peut être éduquer sur le fait que la nature est bien faite et que les vents ne sont pas impropres mais bien une nécessité vitale. Le chemin est long mais pas impossible et je me plais à me rassurer en pensant à Henri Ford qui disait « lorsque tout semble aller contre vous, souvenez-vous que les avions décollent toujours face au vent… »
Le comité du site de la SNFCP et le comité de rédaction de la Revue vous souhaitent alors de belles vacances, un très bel été 2025 et … Bons vents !!!