Par Aurélien Venara, CHU Angers
Noël approche à grands pas. Avec lui arrivent les effluves d’agrumes, de cannelle et de vin chaud. Les magasins se teintent de rouge et blanc et les toits brillent de la gelée qu’a laissée la rosée du matin. Cette période est souvent synonyme de joie, de bonheur et d’insouciance mais est-elle aussi inoffensive que cela notamment pour votre santé anale ?… Pas si sûr…
En effet, Noël fait suite au solstice d’hiver et correspond donc aux jours qui commencent à rallonger. Ces journées courtes et peu ensoleillées sont donc un calvaire pour les adeptes du « perineum sunning » aussi appelé « anal sunning », dont le principe consiste à exposer ses parties au soleil en attendant qu’il apporte ses bienfaits. Cette pratique, heureusement fort peu répandue, provient d’une influenceuse qui recommande à ses followers l’exposition de leurs attributs pour garder la santé (ndlr : pratique proscrite par la communauté médicale (Ottwell R, JMIR dermatol, 2021)). L’hiver et la période de Noël bien que peu ensoleillés correspondent néanmoins à de forts indices UV, notamment en montagne, et peuvent donc augmenter le risque de mélanome ou de néoplasies dues à l’exposition au soleil.
Fort heureusement, il existe un bon argument pour garder ses parties au chaud sachant que Noël est généralement un synonyme de froid. En effet, il marque, à quelques jours près, l’entrée dans l’hiver. Le froid n’est pas l’ami de notre rectum et de notre anus puisque le rectum possède des thermorécepteurs au froid (alors qu’il ne ressent pas la chaleur) (Shafik A, Int J Colorectal Dis, 2001) et puisque la température basse est d’ailleurs responsable d’une contraction du rectum (Shafik A, Int J Colorectal Dis, 2001). Quand on connait la physiologie de la défécation et l’impact des microrecties dans les troubles des fonctions pelvi-périnéales, on imagine bien l’intérêt de rester à proximité de la cheminée ou du radiateur.
Cheminée ou radiateur… Oui, mais… Il ne faut pas oublier l’activité physique bien que l’hiver et le froid (de même que l’été et la chaleur) s’accompagnent généralement d’une diminution cette activité (Wagner AL, Journal of Sport and Health Science, 2019). Le manque d’activité physique reste un facteur de risque de dyschésie (Goshal UC, Tropical Gastroenterology, 2007) et a fortiori de crises hémorroïdaires (de Marco S, Front Surg, 2021). N’attendez donc pas le début de l’année 2025 et les bonnes résolutions pour vous dépenser…
Se dépenser et avoir une bonne activité physique… oui mais… attention à l’activité choisie !! Une récente analyse d’une base de données nationale a en effet montré une augmentation du nombre corps étrangers perdus lorsque les jours raccourcissent et que le climat se rafraichit (Pathak R, North Am J Med Sci, 2016).
Peut-être alors préférer à l’activité physique, ce qui est l’essence même de Noël, le repas, la dinde et les marrons, la famille… Oui mais… ! Bien sûr… Que serait Noël sans un bon réveillon chez papa/maman avant d’enchainer le lendemain chez papy/mamy puis chez tata Suzette. Un bon repas de Noël se fait en plusieurs actes qui nous font souvent oublier le laïus « ne mangez pas trop gras, trop salé, trop sucré » (sic). Une bonne idée sur le moment, jusqu’à ce que ce qu’on se réveille affalé dans le fauteuil à 4 heures l’après midi, ceinture de pantalon ouverte, et que se fassent sentir les premiers « bowel movements » comme les appellent nos amis anglosaxons, prémices annonciatrices du moment d’exonérer. Les visiteurs des journées de la SNFCP 2025 se rappelleront tous de cette magnifique session interprétée par le Professeur Meurette et comprendront pourquoi l’apparition des premiers « bowel movements » deviendra vite un des problèmes de Noël. Pour les autres (et ceux qui veulent se rappeler), le comité de rédaction et le CA de la SNFCP vous offrent le replay de cette session en avant-première mondiale :
Dans cette session, vous comprendrez ô combien le « comment ça va (aux toilettes) » systématiquement posé poliment s’oppose à la pudeur probablement non justifiée au regard du fait que « même le pape va aux toilettes ». Vous comprendrez comment la peur de déféquer en public peut nous impacter lors des fêtes de famille, riches par la présence de nos proches mais également riches par l’alimentation et la mastication prolongée qui va entrainer une stimulation vagale dont l’un des effet sera de propulser le chyme vers l’ampoule rectale au moment où le froid empêchera sa distension au plus large et donc déclenchera le besoin insatiable de la défécation dans les toilettes de tata Suzette dont la porte se trouve juste derrière le canapé dans lequel siège la belle-mère…
Alors peut être que pour occuper l’espace et les esprits vous pourrez appeler à l’ouverture des paquets… Oui mais… Pas sûr que cela vous apaise l’esprit puisque cela vous rappellera au combien votre région périanale a souffert de l’augmentation du coût de la vie lors de la tournée des magasins. Comme l’aurait dit Alphonse Allais, ça vous a bien coûté « la peau des fesses ». Petits conseils donc, même s’ils peuvent paraître un peu « cucu la praline », pourquoi ne pas opter pour un joli chocolat moulé à l’effigie de votre derrière ou encore tout autre petit bijou d’anus dont ruissellent les méandres de la toile.
Alors oui, la période de Noël n’est pas sans risque mais elle reste néanmoins une période de magie et de réunions familiales forte en émotions. Il ne nous reste donc qu’à vous souhaiter, au nom du comité éditorial, de belles et heureuses fêtes de fin d’année… et surtout que ça aille bien !