Suite à ce cas clinique, la firme Biolitec fait le communiqué suivant
Biolitec biomedical technology Gmbh, fabricant européen de solutions laser mini-invasives, souhaite apporter son soutien à cette mise en garde et informer qu’à sa connaissance, et que dans la littérature, ce type d’incident n’a jamais été rapporté pour la fibre Silac indiquée dans la pathologie du kyste pilonidal.
Nous souhaitons souligner l’importance de la formation et de l’usage d’un matériel spécifiquement dédié aux traitements laser en proctologie.
Pour chaque pathologie, que ce soit le sinus pilonidal, les fistules anales ou les hémorroïdes, il convient nécessairement d’utiliser un matériel spécifique et validé par des études scientifiques, et non un matériel dérivé d’une autre spécialité (ORL, gynécologie, vasculaire).
Afin d’assurer la protection des tissus et des organes situés aux abords du site de traitement, l’expérience du praticien doit être accompagnée par le respect des données techniques précises du laser (usage spécifique des longueurs d’ondes, d’une fibre adaptée à la pathologie, sans négliger la bonne gestion des puissances et des énergies diffusées).
En proctologie, Biolitec a développé spécialement le laser Leonardo ®DUAL, (usage concomitant de deux longueurs d’ondes), et des fibres dédiées, FiLaC® et LHP® pour les traitements des Sinus, Fistules et Hémorroïdes.
L’usage de ce matériel nécessite en amont une formation (théorique et pratique) réalisée par des praticiens experts sur ces différentes procédures. Cette formation est certifiée et officielle.
Un accompagnement est ensuite réalisé lors des premières procédures par un représentant de Biolitec spécialement formé à l’usage du laser en Proctologie.
Une première revue systématique de la technique SiLaC® de Biolitec (Sinus Laser Closure®) a été réalisée sur un total de plus de 1000 patients à ce jour (une douzaine de publications) :
Laser treatment of pilonidal disease: a systematic review
Romic I, Augustin G, Bogdanic B, Bruketa T, Moric T.. Lasers Med Sci. 2022 Mar;37(2):723-732. doi: 10.1007/s10103-021-03379-x. Epub 2021 Jul 22. PMID: 34291332.
Chères lectrices, chers lecteurs,
Ce cas clinique a suscité de nombreuses réactions.
Aucune publication n’a à ce jour associé le traitement par laser des kystes sacro coccygiens à une complication aussi grave. Les conditions de survenue de cet accident exceptionnel ne sont pas connues.
Ce cas clinique constitue une alerte sur l’utilisation des nouvelles sources d’énergie, et en aucun lieu une condamnation de la technique qui est utilisée dans le monde entier sans effet indésirable grave déclaré.
Nous utilisons au bloc opératoire des outils potentiellement dangereux, qui nécessitent le respect des règles d’utilisation et une formation spécifique préalable afin de minimiser le risque de complication.
A cette occasion, nous voulons souligner l’importance des déclarations en matério-vigilance lors de chaque incident pour une meilleure politique de gestion des risques au bloc opératoire.
Bonne lecture.
François Pigot, rédacteur en chef de La Revue.
Jean-François Gravié.
La mise à disposition des techniques innovantes chirurgicales est possible assez rapidement, pourvu qu’un marquage CE soit obtenu. L’absence de cotation, et l’absence de données scientifiques solides étayant leur intérêt n’est pas un obstacle.
Parmi les techniques innovantes récentes, de nombreuses reposent sur l’utilisation du rayonnement laser. Aujourd’hui banale dans de multiples spécialités, son application en proctologie est récente.
Nous rapportons le cas d’une jeune patiente opérée d’un kyste pilonidal qui avait récidivé après une première chirurgie classique. L’intervention a consisté en la destruction de la paroi du kyste à l’aide d’une sonde laser.
Les suites opératoires ont été marquées très rapidement par des douleurs importantes et des écoulements purulents, d’abord par l’orifice initial, puis par l’anus. Au cinquième jour sont apparus une ulcération extensive au niveau de la grande lèvre gauche de la vulve, des écoulements vaginaux purulents, des écoulements fécaloïdes par l’orifice au niveau du sillon interfessier.
A J10 un examen sous anesthésie générale retrouve un trajet fistuleux partant de la cavité pilonidale, transfixiant l’anus de part en part et ressortant au niveau de la base de la grande lèvre gauche (photos). Un simple drainage des trajets anaux a été mis en place.
Après discussion avec la patiente, il a ensuite été pratiqué l’excision du kyste pilonidal et une colostomie de protection, les drainages des trajets fistuleux ont été laissés en place. Les constatations peropératoires ont montré qu’il existait une vaste cavité en place du kyste, dont la partie antérieure jouxtait le sphincter anal.
Actuellement, la plaie pilonidale évolue favorablement. Après comblement, le traitement des fistules sera envisagé.
Ce cas clinique impressionnant nous rappelle que toute chirurgie, même à priori bénigne et non invasive, peut entraîner des complications sévères. L’utilisation d’instruments à fort potentiel destructeur, comme le laser, expose à des complications imprévues. Au début de leur diffusion, ces nouvelles techniques souffrent d’un manque de standardisation et/ou de maîtrise de l’instrument qui peuvent augmenter ces risques techniques.