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Incontinence anale : la manométrie bientôt supplantée par une poignée de main ?

Association between low handgrip strength and incontinence among Chinese middle-aged and older people: A cross-sectional study.

Li L, Chen F, Li X, Gao Y, Wang N, Xu T.

Aging Med (Milton) 2024;7:360-367.

Mots clés

Incontinence, sphincter, poigne

Appréciation

Objective: Incontinence seriously affects the life of middle-aged and older people. Pelvic floor muscle assessment is very important for incontinence, and handgrip strength can be used as an auxiliary diagnostic tool. Our study aims to find new cutoff points of handgrip strength as early indicators of incontinence and analyze the association between low handgrip strength and incontinence among Chinese middle-aged and older people.

Methods: Participants were recruited from the 2015 China Health and Retirement Longevity Study. Receiver operating characteristic (ROC) curves were used to find the handgrip strength cutoff point. Logistic regression analysis was performed to explore other incontinence-related risk factors.

Results: The study included 10,229 middle-aged and older people. Compared with normal handgrip strength participants, medium strength participants had 1.510 [men, 95% confidence interval (CI) = 1.017-2.243] and 1.792 (women, 95% CI = 1.294-2.480) times greater risk of incontinence, and low strength participants had 2.420 (men, 95% CI = 1.787-3.277) and 1.516 (women, 95% CI = 1.130-2.032) times greater risk of incontinence. Trend test results showed that the risk of incontinence increased with decreasing handgrip strength in middle-aged and older people.

Conclusions: Our study suggests that handgrip strength < 31 kg in men and < 20.5 kg in women is significantly associated with higher risk of incontinence in Chinese middle-aged and older people. The risk of incontinence increases with decreasing handgrip strength. Handgrip strength should be measured in routine physical examinations in middle-aged and older people for timely assessment and intervention in incontinence.

La poigne d’un individu âgé de plus de 45 ans serait donc statiquement prédictive de la probabilité qu’il ou elle présente un trouble de la continence.  

Cette étude chinoise a recueilli la force de la poignée de main de 10 229 (!) sujets âgés de plus de 45 ans inscrits dans une cohorte de suivi sanitaire nationale.  

La force de la poigne (déterminée par la moyenne la plus élevée de deux efforts de serrement manuel d’un dynamomètre de chacune des deux mains) était répartie selon trois seuils : <28 kg, 28-31 kg et >31 kg pour les hommes, <18 kg, 18-20,5 kg et > 20,5 kg pour les femmes.

La force manuelle est un très bon marqueur de la sarcopénie (diminution de la force musculaire). Ces trois valeurs seuils, différentes selon le sexe, n’ont pas été définies au hasard. Elles sont significativement corrélées à des niveaux de force musculaire globale plus ou moins altérée. Cette mesure permettrait aussi d’évaluer les performances du plancher pelvien.

Dans cette cohorte chinoise, la prévalence d’une incontinence (anale et/ou urinaire) était pour chacun des trois niveaux de force définis, chez les hommes : 4,4%, 8,9%, 15,3% (p<0,001), et chez les femmes 3,9%, 7,7%, 9,2% (p<0,001).

Le risque d’incontinence restait significativement différent selon le niveau de force de la poigne, même après ajustement pour le BMI, le lieu de vie (citadin/rural), le tabagisme, la consommation d’alcool, les pathologies pulmonaires, rénales et psychiatriques.

Parmi les cofacteurs analysés, ceux influençant le plus l’existence d’une incontinence étaient l’âge, le BMI, l’activité physique, l’existence d’une pathologie pulmonaire et rénale. Chez les femmes le statut mariée ou veuve était protecteur… et la consommation d’alcool, un facteur aggravant uniquement chez les hommes.

Cette étude a donc montré que la force de la poigne était corrélée au risque d’incontinence avec une différence significative du risque selon des seuils précis. Ainsi les femmes ayant une poigne « basse » avaient 2,5 fois plus de risque d’avoir des symptômes d’incontinence que celles ayant une poigne normale ; chez les hommes le sur-risque était 3,9 fois plus élevé.

Si l’on doute évidemment qu’une simple poignée de mains puisse signer l’arrêt de mort de la performante manométrie 3D, peut-être pourrait-elle nous mettre la puce à l’oreille, nous servir d’outil de dépistage, nous aider à inciter les patients à évoquer ce symptôme invalidant et encore très tabou qu’est l’incontinence. A condition bien sûr que l’on s’autorise à se serrer la main de nouveau, habitude bannie depuis la pandémie du pangolin.